Il s'agit d'une stèle sur laquelle on peut lire "A la mémoire des soldats français morts pour la France victimes de l'obus de 380mm tombé à cette place le 21 février 1916". Le fameux obus fait partie d'un tir qui visait l'état-major installé dans le château. Hélas, à proximité, se trouvait le "dépôt des éclopés", lequel comme son nom l'indique, abritait, dans des conditions d'ailleurs tout à fait précaires, des soldats qui avaient été blessés sur le front. C'est sur ce dépôt que tomba l'obus. Le canon qui venait de tirer sur Wesserling et de tuer 10 soldats était le grand canon allemand de Zillisheim, dont l'emplacement est actuellement bien visible et mis en valeur. Sa portée, incroyable pour l'époque, permettait d'atteindre Belfort et évidemment la vallée de Saint-Amarin. La précision de tir était heureusement relativement aléatoire. Dès fin mai 1915, les Allemands avaient amené par Chalampé une batterie de deux canons de 420 mm, les célèbres "Dicke Bertha" appelés ainsi en l'honneur de leur marraine, Bertha Krupp, épouse du constructeur. Arrivés en Alsace, ils ont tirés des obus de 1 200Kg sur le viaduc de Dannemarie. Cette batterie était mobile sur rail. Courant août 1915, les Allemands installèrent en fixe un autre gros calibre à Zillisheim. D'importants travaux de génie avaient été réalisés. Il s'agissait d'un canon de 380mm, avec un tube long de 25m. Il pouvait envoyer des projectiles de 750Kg à près de 45 000 mètres. L'état-major de Wesserling était donc largement à sa portée. A partir du 8 février 1916, il enverra plusieurs obus sur Belfort et, le 21 février, un premier tir devait provoquer les morts qu'on sait à Wesserling. Un deuxième coup tombera sur le parc du génie dans la forêt de Husseren, sans faire de victimes. Le 12 mars, en début d'après-midi, un troisième obus, toujours de 380, tombera près de Mitzach, le tir étant nettement trop court. Ce sera le dernier visant l'état-major. L'énormité de l'installation de Zillisheim péchait par son manque de discrétion et de mobilité. Sa fixité attira l'attention des Français qui bombarderont le site et rendront le canon inutilisable. La "Dicke Bertha" aura tiré en tout et pour tout 41 coups de canon, dont la plupart sur Belfort, avant de disparaître tractée sur un wagon de douze essieux en direction de Chalampé et de l'Allemagne. Il aura malheureusement entre autres eu le temps d'envoyer "ad patres" 10 soldats qui souffraient déjà suffisamment de leurs blessures.
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